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Kathleen Jacobs: Kathleen Jacobs - LUMEN

Vue d'installation, Kathleen Jacobs - LUMEN, Galerie Karsten Greve Paris, 2023. Photo: Nicolas Brasseur
07.09.23 - 28.10.23

Galerie Karsten Greve Paris

Mardi à samedi, de 10h à 19h

Vernissage le 7 septembre de 18h à 20h, en présence de l’artiste

La Galerie Karsten Greve est heureuse d’accueillir pour la première fois dans son espace parisien l’artiste américaine Kathleen Jacobs. Dans cette exposition intitulée LUMEN, elle dévoile des oeuvres sur papier et sur toiles réalisées entre 1990 et 2023.

Poétique et subtil, le travail de Kathleen Jacobs est ancré dans son expérience personnelle, qui s’est forgée entre tradition et rencontres artistiques.

Cet attrait pour les arbres d’abord, trouve son origine dans l’oeuvre In Search of Times Past, 1959, du photographe autrichien Herbert Bayer (1900 – 1985) qui fut membre du Bauhaus. Représentant un peuplement de trembles recouverts d’yeux en surimpression, cette photographie aux accents surréalistes qui était accrochée dans le bureau de son père a progressivement imprégné son inconscient, et plus tard, son art.

Vue d'installation, Kathleen Jacobs - LUMEN, Galerie Karsten Greve Paris, 2023. Photo: Nicolas Brasseur
Vue d'installation, Kathleen Jacobs - LUMEN, Galerie Karsten Greve Paris, 2023. Photo: Nicolas Brasseur
Vue d'installation, Kathleen Jacobs - LUMEN, Galerie Karsten Greve Paris, 2023. Photo: Nicolas Brasseur
Vue d'installation, Kathleen Jacobs - LUMEN, Galerie Karsten Greve Paris, 2023. Photo: Nicolas Brasseur

Vient ensuite l’influence marquante qu’aura sur elle son séjour de 4 ans en Chine entre 1984 et 1988 où elle apprend l’art de la calligraphie auprès de son beau-père, l’artiste chinois Huang Yongyu (reconnu comme Trésor National Vivant en Chine). En Chine, et à travers cette pratique, Kathleen Jacobs apprend la valeur de la pratique et de l’apprentissage, dans la voie du Tao (voie, chemin). Elle y apprend également le sens de l'espace en peinture, en particulier dans les paysages des dynasties Tang, Song et Ming, qui se distinguent par la présence d'espaces vierges consécutifs, et l'absence d'horizon.

« La pratique de la calligraphie m'aide à m'échauffer avant de peindre », dit-elle. Les aquarelles et encres sur papier présentées dans l’exposition révèlent des oeuvres figuratives où se retrouvent ces traditions orientales, que ce soit dans la représentation de paysages ou d’éléments de nature, mais aussi dans la maitrise de la ligne et de son mouvement – la calligraphie lui a appris à convoquer tout son corps pour faire évoluer le pinceau, dans une conscience perpétuelle du mouvement et de l’intention.

Ses premières oeuvres sont donc naturellement dédiées à la représentation de paysages dont les arbres sont le sujet principal. Cependant, rapidement après son retour aux Etats-Unis en 1989, Kathleen Jacobs se rend compte que dans sa volonté de copier les arbres, son interprétation et son savoir-faire ne pourraient jamais rendre hommage à son sujet : « J'ai passé de nombreuses années dehors, à peindre et à réaliser des gravures sur bois. Au bout d'un certain temps, je me suis rendu compte que je devais utiliser ce qui était là (physiquement) pour réaliser l'oeuvre... Ce fut une expérience intéressante que de collaborer avec les arbres, la météo et le temps pour peindre ces images. J'ai laissé la surface parler d'elle-même », explique-t-elle. Huang lui enseignait l’importance « d’aller à la source ». Et c’est ainsi que le sujet de ses oeuvres en est devenu le support.

Elle met alors au point sa technique inédite du frottage qui lui permet de transférer les empreintes des écorces de ces arbres sur la toile, inspirée de celle de l’impression sur bois apprise à son retour aux Etats-Unis auprès de l’artiste japo-américain Hiroki Morinoue. Ce processus de création quasi-rituel qui est au coeur de toute sa pratique, consiste à enrouler et agrafer verticalement des toiles de lin de dimension différente autour de troncs ou de branches d’arbres méticuleusement choisis. Après avoir été attachées, les toiles sont recouvertes d’une première couche de peinture, généralement blanche. Puis l’artiste commence à frotter de bas en haut sur la surface de la toile, un morceau de toile préalablement recouvert de pigments et peinture à l’huile (bâton d’huile), pour capturer les textures naturelles et les contours de l’écorce.

Les toiles restent ainsi en place pendant plusieurs mois, jusqu’à trois ans. Elles subissent naturellement le passage du temps et les intempéries, dans un processus purement Taoist : « agir sans agir, utiliser la technique de l'absence de technique ». Kathleen Jacobs vient visiter fréquemment les arbres, pour rajouter une couche de peinture supplémentaire au moment opportun. C’est une activité journalière, hebdomadaire, mensuelle, chaque peinture est une construction minutieuse fruit de nombreuses étapes et de beaucoup de patience. Alors qu'elle applique méticuleusement la peinture couche après couche, les motifs émergent. Une fois détachées de leur support végétal, les toiles rejoignent l’atelier de l’artiste. Là, Kathleen Jacobs continue d'appliquer de la peinture à l'huile et de l'acrylique délavées, soit sur le recto de la toile, soit sur son verso, en guidant les pigments à travers la trame. Les peintures sont généralement monochromatiques, l’artiste limitant ses palettes à diverses tonalités de blancs, de bleus froids, de jaunes ou de rouges.

Finalement, l’artiste opère une rotation pour que le motif vertical des lignes du tronc apparaisse horizontal une fois la toile tendue sur son châssis.

Pour Kathleen Jacobs, cela permet de faire ressortir l’architecture des lignes pour donner à l’oeuvre un aspect paysager et faire apparaitre l’abstraction. Regarder une de ses oeuvres est comme regarder depuis un avion, une perspective aérienne où il n’existe pas de repère, où les horizons sont multiples. Son but ultime étant de donner au spectateur matière à réfléchir sur lui-même, à penser et à laisser libre cours à son imagination, dans une symbiose quasi-hypnotique avec les lignes, les couleurs et le textile. Cette ambigüité est renforcée par le format carré de ses oeuvres mais aussi par le choix des titres, volontairement abstraits pour ne pas influencer la lecture du spectateur. Formés de 5 lettres majuscules, ces titres sont une référence directe à son expérience de pilote : ce sont des codes aéronautiques utilisés par les aviateurs pour se repérer dans le ciel mais qui n’ont pas de signification particulière autre que géographique, comme un point de coordination dans l’univers utilisé pour marquer des croisements dans le ciel.

Kathleen Jacobs met ainsi au point un processus unique de création collaborative dont les acteurs sont multiples : le temps qui passe, les éléments naturels, les arbres, leur écorce, et enfin, l’artiste, ses méthodes, ses matériaux et outils. Elle met en exergue le flot unificateur qui connecte la nature : « selon moi, les arbres sont un modèle pour les lois de la nature » (…) « J'ai réalisé que les lignes et les motifs de l'écorce étaient très similaires aux formes que l'on trouve dans la nature. Les nuages dans le ciel, les vagues dans l'océan, les rivières qui coulent... ».

Dans ce maelström d’intervenants, les marques résultant de ce processus ne sont pas une démonstration mais une preuve de l’action de l’artiste. Kathleen Jacobs ancre ainsi ses oeuvres dans le moment présent, efface simultanément toute référence à la réalité et appelle l'imagination à s'envoler librement.

Née à Aspen, Colorado, en 1958, Kathleen Jacobs étudie d’abord au Pine Manor College dans le Massachusetts, avant d’obtenir son diplôme de graphisme à la Politecnico di Milano. Elle y rencontre l’artiste Huang Heiman, avec qui elle s'installe en Chine, où elle vit entre Pékin et Hong Kong de 1984 à 1988. Elle étudie alors aux côtés de son beau-père, l'artiste chinois Huang Yongyu, maître de la peinture et de la calligraphie traditionnelles chinoises. Après son retour aux États-Unis en 1988, elle commence à explorer l'impression à l'encaustique, la céramique et la soudure au Anderson Ranch Arts Center à Snowmass Village, dans le Colorado. De retour dans le Massachusetts en 2000, elle poursuit ses projets artistiques et son activité de pilote de voltige. Clearing, le projet majeur de Kathleen Jacob à Hillsdale, New York, s'est étalé sur trois ans, de 2010 à 2013, et a consisté en une installation dans d'un champ de noyers dont sont issues plus de soixante-cinq oeuvres. Son nouveau projet, Echoes, est actuellement visible au TurnPark Art Space, à West Stockbridge, Massachusetts. Elle est également engagée dans une installation de trente-trois toiles au "Mount" à Lenox, Massachusetts, un site historique national et ancienne résidence d'Edith Wharton (la première femme à avoir remporté un prix Pulitzer en 1921). Ses oeuvres ont fait l’objet de nombreuses expositions, personnelles comme au Aspen Art Museum à Aspen, Colorado ou collectives comme en 2014 au musée du Belvédère à Vienne pour l’exposition Love Story : The Anne and Wolfgang Titze Collection. Kathleen Jacobs vit et travaille à Great Barrington, dans le Massachusetts. LUMEN est sa deuxième exposition à la Galerie Karsten Greve et sa première dans notre espace parisien.

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